Article d’humeur

Pierre Poggioli                                                                 25 septembre 2014

Article d’Humeur : Décorsisation, corsisation des emplois et autres

Il y a une décorsisation de plus en plus criarde au niveau de l’emploi en Corse. Certains pointent du doigt l’arrivée massive de fonctionnaires non corses dans les administrations…

STC

Oui, c’est vrai, mais il faut aussi balayer devant notre porte. C’est facile de critiquer la décorsisation des emplois dans les administrations “françaises”

mais quid des promotions mirobolantes ou clientélistes (piston) dans certaines administrations para-publiques telles les grosses mairies, la CAPA, les conseils généraux ou la Collectivité de Corse (agences, offices ou autres )… Là on ne dit rien.. comme pour les entrepreneurs et commerçants corses (ou de corse) qui dans le privé, recrutent de préférence des gens venus d’ailleurs sans donner la préférence aux locaux. Il y en même malheureusement qui se disent nationalistes mais ils n’emploient que des gens de l’extérieur.. Et la langue corse, à quand la préférence aux salariés qui parlent corse (certificat de langue corse pour quoi faire ?, s’il n’accorde pas une préférence pour l’emploi, à compétences égales !) ? J’arrête là, il y a tellement à dire… surtout parait-il on a gagné la bataille des idées… mais dans les années 70-80, les patrons corses embauchaient naturellement en priorité des Corses, aujourd’hui c’est souvent le contraire..

Dans les entreprises et les commerces

Et que dire de l’originalité, y compris de nos entrepreneurs et commerçants corses, au-delà de leur politique peu favorable à l’embauche de salariés locaux, consistant aujourd’hui  à oublier y compris la corsisation des produits ou des noms de leurs entreprises ou commerces…  Chacun peut voir que les nouvelles enseignes qui se créent sont “américanisées” ou francisées, il n’y a quasiment plus de commerces aux enseignes corses…  et les personnes élues des CCI ou des chambres des métiers se disant nationalistes ou favorables à la langue corse ne voient même pas que la corsisation des lieux et des produits est un atout économique. . Même si cela ne les empêche pas de signer des conventions sur l’emploi de la langue corse avec la Collectivité de Corse…

Et le chômage se développe

Pendant ce temps, le chômage progresse y compris en août, en pleine saison touristique, poursuivant sa hausse depuis plus d’un an… et on nous rabat les oreilles sur une économie corse qui se développe depuis une dizaine d’années !

A propos des élections sénatoriales…

Je pensais que les nationalistes allaient dénoncer cette élection pour une assemblée qui ne sert à rien sinon à donner une belle rente à des notables qui ont déjà bien assis leur carrière dans d’autres assemblées, organismes et conseils d’administration divers. En Corse, après de bons services rendus à leurs clientèles des Conseils généraux, ce seront deux notables qui auront une belle fin de carrière. Le gag, c’est que Nicolas Alfonsi, gauche, fait voter à droite ( mais il est d’accord avec la droite sur les non-évolutions pour la “région” de corse) et que beaucoup de grands électeurs, y compris malheureusement nationalistes, digérés par un système qu’ils combattent, vont voter non pas pour les idées des uns et des autres mais par peur de ne plus avoir de subventions du Conseil général (un bout de route, un emploi de sapeur, un lampadaire, un petit service, une petite intervention sur un dossier…) Triste réalité qui fait qu’après 40 ans de lutte, les mêmes reflexes et pratiques clanistes ou néo-clanistes sont toujours bien en place.. sauf qu’il y a 40 ans , les Corses étaient majoritaires.. C’est dramatique

Le peuple corse

Est corse celui qui accepte nos valeurs, notre langue et notre culture et veut s’intégrer à notre peuple et être partie prenante de son destin collectif  (un avenir commun pour un projet commun) quels que soient sa religion, ses origines, sa couleur de peau… mais est Corse aussi et d’abord celui qui est d’origine corse ou qui a un ascendant corse. C’est cette définition qui a été adoptée en 1988 par l’assemblée de corse (la première fois qu’elle adoptait une définition de peuple corse) La communauté de destin, ce n’est pas ceux et celles qui après six mois de séjour en corse ont le droit selon les loi françaises de voter et de décider de l’avenir du peuple corse… C’est la position que je défends depuis toujours en tant que nationaliste corse et je continuerai à la défendre.. maintenant malgré les conversions récentes au nationalisme corse, je sais que tous les Corses ne sont pas nationalistes et que parmi ceux et celles qui se prétendent aujourd’hui nationalistes, il y en a qui ne sont pas du tout en accord avec les principes du nationalisme défendus depuis les années 70.. mais il ne faut pas oublier que si on parle de langue, de culture corse, c’est parce que des nationalistes se sont battus depuis les années 70, depuis une époque où ils étaient ostracisés par une majorité de la population de l’île et ont subi la répression uniquement pour leurs idées, aujourd’hui, c’est plus facile..

Des emplois pour les Corses…

D’abord une application stricte de la notion de corsisation des emplois locaux, à partir de la définition du peuple corse que j’ai déjà énoncée plus haut. Ensuite se battre avec une structure  efficace à mettre en place :  une véritable agence de retour des Corses de l’extérieur (du monde entier) ou de leurs descendants qui souhaitent revenir chez eux ou retrouver la terre de leurs ancêtres. Mais cette aventure ne se fera pas individuellement, il faut des moyens d’accompagnement pour leur trouver logement, emploi, formation, crèches, services psychologiques pour les accompagner dans la vie de tous les jours et les aider à s’acclimater à leur nouveau mode de vie et à la société corse d’aujourd’hui…

Par ailleurs, il faudrait que les mouvements nationalistes mettent en place une ANPE parallèle (cela avait été tenté à la fin des années 80 avec une association Aiutu corsu..) où seraient centralisées toutes les offres d’emplois et les demandes d’emplois que les Corses transmettraient et charge ensuite aux mouvements tous ensemble d’appuyer les démarches et  les candidatures…  Sinon, tout se passe en catimini, le Pôle emploi ne fait aucune différence entre les locaux (c’est même souvent le contraire) et ceux qui débarquent ou viennent exprès pour prendre des places. le tout par internet et souvent avec des conditions favorables même aux installations des nouveaux promus…

Cela s’appelle, “construire la Corse de demain” et non plus attendre tout de l’Etat (en lui demandant de corsiser son administration, par exemple !).

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