Pour une nouvelle construction européenne

Pierre Poggioli                                                                          25 juin 2016

 Manipulation information, “politiquement correct” et volonté des peuples pour une nouvelle construction européenne

Livre jun 2015

Le Royaume-Uni quitte l’Union européenne–Breixit en tête -72,2 % de participation – 51,8 % de voix pour-Près de 800000 voix de plus-la Livre s’effondre, l’UE panique, les places boursières et bancaires, qui avaient pesé contre la sortie, s’affolent…

Depuis que  le Royaume-Uni a voté le Breixit, les commentaires se multiplient quant à “la fin du Royaume-uni” dès lors qu’il quitte l’Union européenne…

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C’est ansi que sont mis en avant les votes pro-Union européenne de l’Ecosse et de l’Irlande du Nord en opposition aux votes Brexit du Pays de Galles et de l’Angleterre, les quatres nations constitutives du Royaume-Uni
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Rappels historiques

Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne, Britannia  est créé en 1707 : (United Kingdom of Great Britain) et d’Irlande du Nord[1] (and Northern Ireland) État indépendant, il comprend (outre l’Irlande du Nord) :

À son apogée, l’Empire britannique (Royaume-Uni et toutes les entités, dont il est légalement séparé, mais qu’il contrôle) s’étendait sur un tiers des terres émergées. À la fin de l’époque victorienne, il a beaucoup perdu de son monopole industriel, surtout au profit des États-Unis, l’ayant surpassé en production et en commerce industriel dans les années 1890, et de l’Empire allemand. Mais il resta une superpuissance prépondérante, atteignant sa superficie maximale en 1921.

Après l’Indépendance de la République d’Irlande (1922) six des neufs Comtés de la Province d’Ulster restent attachés au Royaume-Uni.

Depuis 1927, le nom officiel est « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord », union de quatre pays (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) dont le principal est l’Angleterre.  L’Union Flag (Union Jack) superpose les drapeaux de 3 composantes: la Croix de St Georges médiane rouge sur fond blanc (Angleterre) la Croix de St André, obliques blanches sur fond bleu outremer (Écosse) et la Croix de St Patrick, obliques rouges sur fond blanc (Irlande).

C’est l’un des rares pays du monde où la Constitution n’est pas codifiée. Elle est constituée de conventions constitutionnelles et de divers éléments issus de coutumes et de la Common Law, ensemble désigné souvent sous la dénomination de « Loi constitutionnelle britannique » mise en place depuis Guillaume le Conquérant (1066).  Il a trois systèmes de loi distincts : le droit anglais (English Law) pour l’Angleterre et le Pays de Galles, le droit nord-irlandais (Northern Ireland Law) basés sur les principes de la Common Law, et le droit écossais (Scots Law) système hybride basé sur les principes de droit civil. « L’Acte d’Union »  (1707)  garantit le système des lois séparées pour l’Écosse. La Chambre des Lords est la plus Haute Cour (cas criminels et civils d’Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord, et seulement pour les cas civils en Écosse). Des changements constitutionnels (2009) ont transféré les pouvoirs de la Chambre des Lords à la nouvelle Cour suprême du Royaume-Uni. Celui-ci est divisé en quatre parties, souvent appelées home nations (nations d’origine) ou pays constituants, avec des gouvernements locaux. Un Lieutenant-Lord nommé par la Reine, est représentant personnel de différentes zones spécifiques en son  sein. Les territoires d’Outre-mer (Île de Man, Jersey et de Guernesey) sous sa souveraineté et son contrôle formel n’en font cependant pas partie, étant des « dépendances de la Couronne ».

Dès le XVIème siècle, la langue anglaise apparaît comme le ciment spécifique d’une conscience nationale en gestation. Les autorités s’emploieront à la répandre dans les actes administratifs pour renforcer « l’identité anglaise». Le modèle anglo-saxon, avec l’Anglais comme langue véhiculaire, tend à imposer certains modes de fonctionnement dans les institutions mondiales, notamment commerciales. Le Gallois, l’Ecossais, l’Irlandais, le Cornique et le Scots sont reconnues comme langues régionales du Royaume-Uni.

Evolutions

Après l’indépendance de l’Eire (Irlande du Sud) la province anglaise d’irlande du Nord n’a cessé de réclamer la Réunification totale de l’Irlande marquant avec l’IRA sa volonté de quitter le giron du Royaume-Uni. Jusqu’au Processus de paix partageent l‘administration de la Province entre Catholiques et Loyalistes. Mais les Républicains n’ont en rien renoncé à la Réunification de toute l’Irlande. Malgré des soubresauts ou remises en question, le Processus de paix a poursuivi son chemin. Sinn Fein continue de progresser électoralement, y compris dans l’Etat indépendant et qu’en lrlande du Nord, toujours intégrée au Royaume-Uni, la population catholique grâce à une démographie positive, devient majoritaire par rapport aux opposants protestants et loyalistes ?

Et  cela ne pourra à terme que se traduire par une demande de Référendum sur la Réunification totale de l’Irlande.

L’Ecosse pour sa part, malgré l’obtention de nouvelles compétences et moyens depuis l’échec du Référendum de septembre 2014, n’a en rien renoncé à son objectif d’indépendance et d’autres rebondissements sont prévisibles, surtout après le raz de marée aux élections législatives de mai 2015 (56 élus du SNP sur 59).

18 septembre 2014 : Conformément à l’Accord d’Edimbourg (15 oct. 2012) entre les premiers ministres britannique David Cameron et écossais Alex Salmond, un Référendum sur l’Indépendance est organisé. L’Union Européenne (des Etats-Nations construits sur l’annexion de nombre de petites nations historiques) va être suspendue au résultat, tremblant sur ses fondements (contestés par tous les petits peuples sans états). Ce Réferendum doit être resitué dans le  (long) combat des Ecossais pour leurs droits face à l’impérialisme anglais. (Rappels sommaires de certains faits de la période contemporaine[2]).

Question posée: « L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant ? ». Si le oui l’emporte, l’Indépendance sera proclamée le 24 mars 2016, soit 413 ans jour pour jour après la mort d’Élisabeth Ire d’Angleterre et l’accession au trône d’Angleterre de Jacques VI, Roi des Écossais, scellant l’Union des Couronnes d’Angleterre et d’Écosse. Pour pouvoir voter au référendum, il faut résider en Écosse, avoir au moins 16 ans, être ressortissant britannique, du Commonwealth ou de l’Union européenne. Les Écossais qui résident à l’extérieur du Territoire ne pourront pas voter.

Le NON l’emporte (55,3 %). Le OUI l’emporte à Glascow, ville la plus importante.

L’Europe, et toutes ses instances, les USA et surtout la finance internationale et les Banques se sont impliquées à fond pour le NON. Le Royaume-Uni, par la voix de David Cameron, 1er ministre qui jouait son avenir politique, après avoir tenté en vain de le repousser, annonce de nouvelles mesures de Dévolution et de nouvelles compétences législatives pour les quatre Nations composant le Royaume-Uni : Irlande du Nord, Pays de Galles, Angleterre Ecosse. On est loin de la politique ultra-centralisatrice de la République “une et indivisible française” qui refuse même la prise en compte des votes a minima de l’Assemblée de Corse (Coofficialité, Statut fiscal, Statut de Résident, inscription de la Corse dans la Constitution française..).

7 mai 2015 : Aux élections Législatives générales, le 1er ministre sortant David Cameron, arrive largement en tête, avec en prime la majorité absolue pour les Conservateurs à Westminster (au moins 326 sièges). Démentant les sondages, le scrutin est un véritable triomphe pour lui, qui n’a plus besoin des libéraux-démocrates pour gouverner. Un coup de tonnerre. Mais l’autre grand vainqueur est le parti indépendantiste SNP (56 des 59 sièges réservés à l’Ecosse !) Un raz-de-marée historique fatal pour le Parti travailliste, dont l’Ecosse, territoire plutôt ouvrier, de tradition de gauche, jusqu’ici son principal fief. Les “Tories” (travaillistes) n’y remportent pas le moindre siège. David Cameron a pris acte de cette victoire des indépendantistes, affirmant que l’une de ses priorités serait de “mettre en œuvre la décentralisation pour l’Ecosse le plus vite possible“. Mais ajoutant néanmoins dans son premier tweet le lendemain : “Une nation, un Royaume-Uni, c’est ainsi que j’espère gouverner..” De leur côté, moins d’un an après leur courte défaite au Référendum sur l’indépendance, (45 % de oui) en septembre 2014, les partisans du SNP rêvent déjà d’un nouveau vote, ce raz-de-marée historique en leur faveur sonnant comme une nouvelle impulsion vers l’indépendance, assurant au SNP une importante tribune à Westminster.

10 mai 2015 : En dépit de la percée du SNP, le 1er ministre britannique, David Cameron, exclut  de convoquer un nouveau Référendum sur l’Indépendance en Ecosse. “Nous avons eu un référendum. L’Ecosse a voté pour rester dans le Royaume-Uni. Il n’y aura pas d’autre référendum”, a insisté David Cameron sur (Channel 4 News), trois jours après la victoire de son Parti (conservateur) aux Législatives. Il maintient sa décision de convoquer un Référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le SNP ayant déclaré pour sa part qu’il voterait contre la sortie de l’Ecosse de l’UE.

Aujourd’hui : Manipulations, intox et contradictions

Aujourd’hui avec le vote en faveur du Breixit, peu de commentaires pointent du doigt la perte de crédibilité, voire la haine, des populations contre cette Union européenne, super-structure technocratique qui semble vouloir leur imposer tout et les contrôler dans leurs  moindres faits et gestes alors que les difficultés se multiplient pour la majorité d’entre-elles (perte de pouvoir d’achat, baisse des salaires, difficultés d’emplois, d’accès à la formation, au logement, à la propriété, répression des contestations, fichages et contrôles de leurs vies privées avec de plus en plus de moyens pour les forces de police et  de justice..) tandis qu’elles subissent la pression grandissante de l’immigration, résultat de la politique des va-t-en guerre des puissances occidentales (dans les pays d’origine des migrants  (pour piller les richesses naturelles de ces pays martyrs) fuyant les horreurs et la misére..

 On préfere ridiculiser tous les tenants du Breixit ou les taxer de fascistes, de populistes irresponsables ou tout simplement d’ignares n’ayant rien compris aux enjeux (comme cela avait té le cas en france lors du succès du réferndum contre la constitution europenne). Tout cela pour nrefuser de voir qu’à travers ce vote du Breixit, comme cela se produirait dans n’importe quel Etat membre désormais, une majorité de citoyens ont surtout voté leur défiance vis-à-vis des cette UE qui ne correspond plus selon eux à leurs aspirations et ne répond guère à leurs questions et problèmes qu’ils subissent au quotidien. Il ne s’agit en aucun cas pour elles d’être contre l’Europe, bien au contraire, mais de refuser  celle d’aujord’hui en demandant une autre construction européenne que celle des loobies financiers et des places boursières, une Europe des peuples et non plus une Europe des vieux Etats-Nations dépassés, une Europe plus écologique,  plus attentive à prendre en compte les problèmes liés à la santé et à l’environnement, une Europe plus sociale attchée à plus de justice sociale au profit du plus grand nombre et non pas une structure au service des banques, des marchés et des groupes financiers.

La réalité est que l’UE paye sa politique éloignée des problèmes quotidiens des peuples et des citoyens, s’alignant sur les désiratas de la finance internationale et la politique internationale atlantiste

Une autre vision pour l’avenir

Dans cette construction qu’elles appellent de leurs voeux, les Nations sans Etat, l’Irlande du Nord ou l’Ecosse (comme la Catalogne, le Pays basque et l Corse demain) ont leur mot à dire…en promouvant une autre vision européenne que celle actuelle des états-Nations qui les domine.. Elles doivent préparer leur avenir en se se donnant les moyens de peser en exigeant (et en y participant activement) un nouveau projet européen  qui devra être élaboré et soumis démocratiquement à tous les  citoyens européens, en mettant notamment fin à  une politique d’élargissement irresponsable et abhérante geo-politiquement  et culturellement qui envisagerait même à terme d’inclure entre-autres  la Turquie ou le Maroc..

N’oublions pas que l’UE actuelle a tout fait pour que le Réferendum écossais ne reussisse pas, (comme en Catalogne) qu’elle a toujours déclaré qu’elle était opposée au départ de l’Ecosse du Royaume-uni et que même en cas de vote en faveur de l’Indépendance, les Ecossais devraient ensuite engager un  long processus de demande d’intégration à l’UE, pas forcément soutenu par les instances europeennes actuelles.

Alors pour l’Ecosse, dans ou en dehors de l‘UE comme aujourd”hui avec le Breixit, la situation ne change pas grand chose, sauf une perte de crédibilité du Royaume-Uni qui pésera peut-être moins dans son opposition lors de discussions sur ces dossiers écossais et irlandais…

En Irlande par contre, le Breixit pourrait relancer avec plus de force la campagne de Réunification de toute l’île, l’Etat indépendant étant membre de l’UE aura peut-être les coudées plus franches pour soutenir les Irlandais du nord dans leur demande de Réunification et cela avec au moins autant de force et de chance d’aboutir que lorsque le Royaume-Uni était dans l’UE.

Pierre Poggioli

[1] L’Irlande du Nord fait encore aujourd’hui partie du Royaume-Uni. L’Eire, est un État déclaré indépendant (grande partie) le 21 janvier 1919, depuis la fin de la guerre contre l’Angleterre, après le traité anglo-irlandais de 1921 et  l’officialisation de la Partition le 6 décembre 1922. Il est totalement indépendant depuis 1948. ]

[2] Lutte armée en Ecosse cf. POGGIOLI Pierre,  IRA,ETA, IRA : Après l’adieu aux armes, juillet 2015

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