Vendredi 27 janvier 2017 Pierre Poggioli
Après le rejet par le Sénat du projet d’ordonnances pour la collectivité unique en Corse : Réflexion sur les évolutions institutionnelles en Corse et au-delà
21 février 2015 : Vote sur proposition du gouvernement d’un amendement à la loi NOTRe, visant à fusionner la Collectivité Territoriale de Corse et les deux Départements de la Corse
7 septembre 2016 : La Collectivité territoriale de Corse les trois projets définitifs d’ordonnances de création de la Collectivité unique : Législatif, électoral, budgétaire, comme promis par le 1er ministre Manuel Valls en visite dans l’île le 4 juillet 2016
17 novembre 2016 : Accord “historique” signé à la Collectivité de Corse entre Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif, Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, François Orlandi et Pierre-Jean Luciani, présidents des Conseils départementaux de Haute Corse et de Corse du Sud. La future collectivité est en marche (1)
Décembre 2016 : Présentation en Conseil des ministres par Jean Michel Baylet, ministre de l’Aménagement du territoire, du projet de loi ratifiant trois ordonnances relatives à la création au 1er janvier 2018 de la Collectivité unique de Corse par fusion des trois collectivités : la Collectivité territoriale de Corse (CTC) et les deux Conseils départementaux du Nord et du Sud (2).
26 janvier 2017 : Le Sénat (majorité de droite) rejette les projets d’ordonnances clarifiant le fonctionnement de a future collectivité unique dans les domaines institutionnel, électoral, budgétaire, financier, fiscal et comptable (3). Les sénateurs ont rejeté le texte du gouvernement par 161 voix -LR, UDI-UC, et aussi Communiste, républicain et citoyen (CRC)- contre 143 (socialistes, RDSE –à majorité PRG- et écologistes).Les sénateurs ont rejeté le texte du gouvernement par 161 voix -LR, UDI-UC, et aussi Communiste, républicain et citoyen (CRC)- contre 143 (socialistes, RDSE –à majorité PRG- et écologistes).
Le projet de loi sera examiné le 9 février par l’Assemblée nationale, qui votera vraisemblablement le projet des ordonnances. Elle aura le dernier mot après un autre passage devant le Sénat et un ultime retour devant elle. Restera alors l’inconnue des recours potentiels (Conseil constitutionnel, Conseil d’Etat…) dont pourront faire usage certains opposants individuellement ou collectivement)… mais chaque chose en son temps
Dilemmes idéologiques dans une société de type colonial
En Corse, la droite certes est divisée, mais elle fait feu de tout bois contre les évolutions actuelles, campant sur ses place-fortes clientélistes (Conseil général Corse du sud…) espérant retrouver le pouvoir à Paris pour revenir au point zéro dans l’île. La Gauche, au contraire, en pleine décomposition dans l’île mais au pouvoir à Paris, y est favorable majoritairement, excepté le PCF/Front de gauche.
Depuis les années 80, les seules avancées institutionnelles pour l’île, l’ont été de la part de la gauche française, excepté le Parti communiste français (Front de gauche aujourd’hui) qui s’est soit toujours abstenu, soit a voté contre tous les projets ou propositions tentant de prendre en compte les spécificités corses.
La Droite elle, corse ou française, sauf quelques exceptions ndividuelles, n’a jamais fait montre d’une acceptation d’avancées quelles qu’elles soient pour la Corse et le peuple corse.
La société corse, une société de type colonial
La société corse est une société de type colonial et l’île ne peut raisonnablement être taxée de droite ou de gauche, sauf à avoir une analyse réductrice faisant l’impasse sur les relations historiques de domination entre l’Etat français et la Corse depuis son annexion par les armes après la défaite de Ponte-Novu, et la politique coloniale suivie depuis dans l’île. Il en est de même par rapport aux sensibilités politiques des Corses individuellement et aux nationalistes corses, (toutes tendances du mouvment national confondues).
Les clivages sur nombre de problèmes politiques, sociaux et surtout sociétaux transcendent les sensibilités “politiques” individuelles et/ou collectives des habitants de l’île, plus ou moins assumées, (ainsi que l’ensemble des structures du mouvement national corse). Les Corses, individuellment ou collectivement, ( et les nationalistes corses) pouvant partager avec la gauche française (ou internationale) certaines idées au plan social (plus de justice sociale, meilleure répartition des richesses et des bénéfices de l’économie…entre-autres) mais aussi se sentir ou se situer plutôt en accord avec la droite sur nombre de problèmes sociétaux qui agitent la société française (contrôle des flux migratoires, débat sur le vote des immigrés, légalisation du cannabis, procréation, mariage gay…entre-autres).. Ces différences et ses débats traversent l’ensemble des structures du mouvement national corse.
D’où les difficultés, selon les problèmes mis en avant, posés à l’ensemble nationaliste pour lequel hors l’union, à défaut d’unité, point de salut pour demain…
I l faut reconnaître à la gauche française depuis François Mitterrand le mérite des seules évolutions institutionnelles ou autres (amnistie, audiovisuel, université, langue…entre-autres) pour l’île et les blocages naturels de la droite, (sauf exceptions individuelles et même si on doit reconnaître à Camille de Rocca Serra sa volonté de demander d’inscriptiontant au lan corse que français de la Corse dans la Constitution et de se battre avec d’autres pour le maintien des Arrêtés MIOT).
Quant aux évolutions sur la langue, la culture, on peut aussi bien trouver à droite comme à gauche, tant au plan corse qu’hexagonal, des positions favorables ou opposées à leur prise en compte (charte langues minoritaires, coofficialité ….)
L’alternative nationaliste
Difficile donc d’aborder certains sujets aujourd’hui sous l’angle du consensus ou de l’unanimité, d’autant que la démarche portant le mouvement national corse passe par la construction d’une unité nationale corse face à l’Etat français, et qu’elle nous impose des choix dans tous les domaines. Les Nationalistes se doivent donc d’affronter ces contradictions inhérentes à toute société vivante et tournée vers l’avenir, mais ils doivent voir à l’esprit que le mouvement national face à une gauche corse explosée et une droite divisée dans l’île doit s’imposer comme la véritable force alternative…. sous peine de faire le jeu d’un Front national en embuscade, engrangeant en silence les dividendes d’une situation politique corse, française et internationale où les peuple ont la trop désagréable impression d’être laissés de côté, et où tout tend à faire croire qu’ils sont incapables de penser et de s’exprimer sur leurs réels besoins et leurs rêves.
Aussi le mouvement national corse pour cela doit-il toujours avoir à l‘esprit que si les changements ou les évolutions institutionnelles (incontournables) ou autres s’imposent, si l’on veut projeter la Corse vers l’avenir, il doit aussi être conscient et convaincu que ces changements et évolutions dans l’île n’auront de chance d’aboutir, que s’ils ont pour ambition et se font et/ou feront au profit de plus grand nombre, et pas toujours au profit de quelques familles de privilégiés, dans une société où l’argent-roi serait le moteur essentiel et omniprésent de toute évolution.
Derrière la brillance d’une île paradisiaque profitant à d’autres que les Corses, au fil des mois, le chômage, la précarité, la pauvreté se développent, touchant une majorité de Corses dont la situation se détériore et qui sont confrontés de plus en plus à des problèmes quotidiens qui les désespèrent eux et leurs enfants pour l ‘avenir.
En Corse, la gauche est en pleine décomposition, la droite elle, est divisée, mais elles campent sur leurs positions dans leurs place-fortes, Conseils généraux ou mairies, défendant bec et ongle ses privilèges bâtis sur des politiques clientélistes. Pour cela les nationalistes se doivent dans l’unité de présenter et de se donner les moyens d’imposer une réelle alternative économique, sociale et sociétale au-delà d’une alternative linguistique, culturelle et institutionnelle.
- http://www.corsenetinfos.corsica/Collectivite-unique-de-Corse-Un-tournant-historique-remarquablement-negocie_a24354.htmlhttp://www.corsenetinfos.corsica/Collectivite-unique-de-Corse-Accord-unanime_a24347.htmlhttp://www.corsenetinfos.corsica/A-Ponte-Novu-Jean-Michel-Baylet-se-pose-en-defenseur-des-interets-du-peuple-corse-et-de-la-ruralite_a24946.htmlhttp://www.corsenetinfos.corsica/Jean-Michel-Baylet-Nous-avons-trace-une-methode-qui-nous-a-permis-de-reussir_a24960.html
- http://www.corsenetinfos.corsica/Collectivite-unique-Un-calendrier-des-objectifs-concrets-et-des-questions-en-suspens_a25000.html
- http://www.corsenetinfos.corsica/Collectivite-unique-Le-grain-de-sable-du-Senat_a25502.html
Pierre Poggioli