Mafia et République : Trop facile et trop simple
Au sujet d’une saga du milieu corse de 1920 à la période contemporaine : Mafia et République, de Christophe Bouquet. Ecrit par Pierre Péan, Vanessa Ratignier et Christophe Nick
Après les livres de Follerou, basés sur nombre de procès-verbaux issus directement des divers services policiers, jouant les Corses et les Nationalistes les uns contre les autres dans un véritable jeu de massacre en Corse, le livre de Pierre Péan, Vanessa Ratignier et Christophe Nick a servi de trame au documentaire d’ARTE…
Il aura, c’est certain la vertu d’alimenter tous les fantasmes malsains sur les Corses (attraction/Répulsion)…et d’achever si besoin était encore, de convaincre, le commun des mortels français que dès qu’il y a deux Corses, ce sont sûrement des mafieux, surtout s’ils affichent une certaine réussite sociale !
L’histoire récontée dans les doc N°1 et 2 est connue en règle générale, du moins par les Corses et par ceux qui s’interressent réellement à l’histoire de notre île… Mais oubliés au passage, les Corses “moins sulfureux” (et/ou moins connus) partis de l’île décimés sur les champs de bataille ou morts sur d’autres continents après une vie de labeurs, de privations, voire de misères.. au service de la France, nombre d’entre-eux n’ayant, faute de moyens, même pas pu y revenir en fin de vie ni voir leurs familles laissées sur l’île avant de mourir…..
“Racisme primaire quand tu nous tiens ????” Je ne chercherai pas à savoir pourquoi aujourd’hui avec une telle médiatisation ? Chacun peut s’interroger et envisager la réponse lui convenant.
Tous mafieux, surtout peut-être depuis que les Nationalistes sont devenus majoritaires dans les institutions de l’île. D’autant que Pierre Péan a une lecture vraiment « légère » de l’histoire du Nationalisme moderne, (une courte partie du documentaire N°3), de la montée du nationalisme en Corse, certains diront plutôt une lecture orientée » !!! Toujours manipulés et utilisés quelque part ?
Alors critiquons, amalgamons, discréditons, il en restera toujours quelque chose…..mais au-delà ?
Cette histoire est connue. Je l’ai moi-même décrite dans un ouvrage paru en 2013 : “Corse, entre néo-clanisme et Mafia ?” Cet ouvrage qui a reçu le 1er Prix exæquo catégorie essai au Festival du livre de l’île D’Ouessant[1] n’a pas trop interpellé les Médias, … Il est vrai qu’il «était frappé du sceau de l’infamie car écrit par un nationaliste..
Loin de moi l‘idée d’exonérer de leurs crimes les protagonistes de cette saga.. je pense avoir suffisamment écrit sur ce sujet. Je constate cependant que si cette mafia a existé, comme toute mafia elle ne se développe, que grâce aux complicités actives des autorités et pouvoirs publics français qui l’utilisent en fonction des intérêts d’un Etat et de ses représentants officiels qui tirent les ficelles… C’est peut-être l’éternelle histoire de la poule et de l’œuf
Dans le Documentaire N° 3, la saga du milieu corse est surtout étudiée sur l’angle de la France-Afrique, un angle englobant la politique française en Afrique et cette France-Afrique est toujours à l’ordre du jour officiellement de la stratégie politique de l’Etat français et des divers gouvernements de droite ou de gauche, c’est un concept toujours d’actualité qui n’a pas été enterré..
Chacun sait le rôle de déstabilisation partisane de Pierre Pean contre le Régime de Bongo, mais pour le compte de qui, pour quels intérêts pour s’approprier les richesses naturelles de cette ancienne colonie, pour le remplacer par quel autre régime, par quel autre dictateur ou empereur de pacotille ?
On peut se demander quel rôle dans cette œuvre joue son co-auteur Christophe Nick, au nom si américain, en projetant la politique américaine, par CIA interposée, en Afrique, qui a œuvré au remplacement de l’influence de la France en Afrique, et qui donc a été conduite à liquider ceux qui représentaient et œuvraient pour cette influence de la « République » en Afrique, à savoir les Corses.. rendant moult services plus ou moins honorables, voire accomplissant les basses besognes pour le compte de ceux à la tête de la République » au nom des intérêts du moment de cette « République »
Cette « République », du moins ceux qui la représentaient, qui les a utilisés au-delà de la France-Afrique (en Asie, Amérique, et d’autres continents, en France avec la Résistance, le SAC, la lutte contre l’OAS, l’après 68,..). Les colonisés de cette belle île étant des mercenaires idéals pour les basses besognes (historiquement n’avaient-ils pas joué les mercenaires sur tous les champs de bataille depuis des siècles) auraient-ils cessé d’être malléables et/ou utilisables comme par le passé ?
Trop facile et trop simple.
Poggioli Pierre
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