A quand un débat public sur la base militaire de Sulinzara ?
Au-delà des nuisances sonores et autres, au-delà des miettes rapportées au plan économique par cette base « nucléaire » à la Corse, ne serait-il pas temps pour les élus corses de se pencher sur le rôle et l’avenir de cette importante base dans le dispositif de l’OTAN. Ce débat s’impose d’autant plus que le parti du centre-droit UDI, dont fait partie le maire de Solenzara (mais la base est en réalité située sur la proche commune de Ventiseri), a demandé que cette base passe officiellement sous contrôle de l’OTAN, ou de l’Europe, ceci en prévision des incursions que les puissances occidentales seront amenées à mener de plus en plus en Afrique ou au Moyen-Orient.
Ce passage sous contrôle “officiel” de l’OTAN ou de l’Europe, aurait, selon ce parti, l’avantage d’entraîner de nouvelles retombées économiques dans l’île et la venue de « nombre de familles de militaires » qui viendraient grossir le rang des familles de militaires français dans la région, (d’où développement de la colonisation de peuplement, augmentation des nuisances et des pollutions du fait des manœuvres en permanence… ) suite aux raids effectués ces dernières années (guerre du Golfe, Ex-Yougoslavie, Libye, Mali..)
La Corse, un porte-avion en Méditerranée ?
La Corse doit-elle servir de base avancée de la politique impérialiste et néo-coloniale des puissances occidentales, dont la France (n’oublions pas le forcing du pouvoir actuel en France pour une intervention soi-disant « à but humanitaire» en Syrie), en Afrique et au Moyen-Orient ou doit-elle, étant donné que sa population est de facto concernée, réfléchir aux réponses à apporter à des politiques interventionnistes qui ne peuvent à terme que lui rapporter des retours de bâton ?
Les représentants de la Corse ont leur mot à dire
Le Mouvement national corse dans son ensemble doit s’emparer de cette question et demander d’urgence un débat à la Collectivité territoriale de Corse sur le rôle et l’avenir de cette base dans l’île, d’autant que même au plan des retombées économiques, la location de cette base aux pays membres de l’OTAN ou directement à l’OTAN ne rapporte pas grand-chose à l’île, les chiffres officiels, jamais divulgués, n’étant jamais pris en compte dans la balance commerciale de l’île qui coûte soi-disant beaucoup à l’État (la base est louée à nombre de pays ou à l’OTAN pour des manœuvres militaires aériennes ou terrestres qui causent nombre de désagréments à la population locale, sans oublier la pollution découlant de l’emploi de munitions en tous genres et du matériel militaire d’entraînement).
29 octobre 2013 Poggioli Pierre
Pour info :
C’est un site Canadien qui nous informe de exercices militaires de la B.A 126 de Ventiseri, en Haute Corse. Tirs réels et largage de bombes d’exercices.
Inauguré sa participation à l’exercice SERPENTEX 2013 en menant deux missions à partir de la base aérienne Solenzara, en Corse (France), effectuant des tirs réels et larguant des bombes d’exercices, l’exercice SERPENTEX, qui se déroule du 26 novembre au 6 décembre 2013, est un exercice d’entraînement annuel et multinational d’appui aérien rapproché organisé par l’Armée de l’Air française, en Corse (France).
«Dédié originellement à la mise en condition opérationnelle du personnel projeté sur le théâtre Afghan, cet exercice a pour objectif principal d’entraîner, dans un environnement tactique complexe, les unités aériennes et les équipes de contrôleurs aériens avancés (FAC, Forward Air Controller) aux missions d’appui feu.»
Son contenu évolue cette année pour prendre notamment en compte les enseignements des dernières opérations (Lybie, Mali) et mettre en œuvre de nouveaux modes d’action.
Ainsi, l’édition 2013 verra l’introduction de missions type SCAR (Strike Coordination and Reconnaissance) et le développement de l’emploi des outils de liaisons de données de type DACAS (Digital Aided Close Air Support), initié lors du précédent SERPENTEX.
Le Canada y déploie un dispositif de quelques 200 personnes et 7 aéronefs qui proviennent des quatre coins du pays.
L’exercice met à l’épreuve les capacités expéditionnaires de l’Aviation royale canadienne.
En survolant le champ de tir Diana, des CF-18 Hornet de la 4e Escadre Cold Lake, en Alberta, ont largué cette semaine des bombes d’exercice et effectué des tirs réels sur de multiples cibles au cours d’une mission d’appui aérien rapproché, qui a mis à l’épreuve leur capacité à collaborer avec les contrôleurs avancés d’attaque interarmées, tant de l’Armée canadienne que des pays participants.
«L’objectif de notre participation à l’exercice Serpentex est d’effectuer des exercices d’entraînement [d’appui aérien rapproché] multinationaux», a expliqué le major Aaron Macluskie, pilote de CF-18 et représentant principal national du Canada dans le cadre de l’exercice Serpentex.
«Il s’agit d’une occasion unique pour les pilotes de CF-18 et nos [contrôleurs avancés d’attaque interarmées] canadiens de s’entraîner avec d’autres pays et de confirmer les procédures d’opérations dans une coalition».
Les missions d’appui aérien rapproché sont effectuées lorsque les troupes au sol se trouvent près de leurs cibles, ce qui exige une étroite collaboration entre les forces aériennes et terrestres, explique un communiqué de l’Aviation royale canadienne sur l’exercice en cours à Solenzara.
Les contrôleurs reçoivent une mission d’une unité au sol à laquelle ils sont rattachés et s’en servent pour faire une demande de soutien aérien. Ils sont ensuite déployés en même temps que les troupes au sol et continuent à organiser et à mener la mission à partir du sol.
«Dans le cadre d’une mission [d’appui aérien rapproché], le [contrôleur avancé d’attaque interarmées] doit trouver et identifier les cibles, diriger les armes et contrôler l’espace aérien dans la zone d’opérations afin de suivre les troupes amies et de régler les conflits entre les forces aériennes et terrestres», a expliqué pour sa part le capitaine Alan Lockerby, superviseur des contrôleurs avancés d’attaque interarmées et superviseur des contrôleurs aériens avancés de l’exercice Serpentex.
Lors de l’exercice cette semaine, les contrôleurs canadiens ont ainsi guidé les chasseurs canadiens et français vers des cibles précises. Les pilotes ont effectué la reconnaissance de la zone d’opérations avant de confirmer aux contrôleurs les armes portées par l’avion à réaction et leur emploi envisagé.
Ensuite, les chasseurs ont identifié la cible avec certitude et ont tiré sur celle-ci. Les contrôleurs évaluaient alors s’il s’agissait d’une mission réussie:si l’attaque avait produit les résultats voulus, on estimait que la mission était accomplie; dans la négative, il fallait recommencer le processus.
En plus de mettre leurs capacités à l’épreuve, la mission a donné l’occasion aux pilotes canadiens et aux contrôleurs avancés d’attaque interarmées de collaborer avec leurs alliés, explique l’Aviation royale canadienne dans son communiqué.
«Même si nous respectons tous les mêmes normes, il peut y avoir de légères variantes», explique le capitaine Lockerby. «Cet exercice nous donne l’occasion de noter ces différences et de mettre à profit les forces de chacun.»
En outre, un CP-140 Aurora du 405e Escadron de patrouille à long rayon d’action de la 14e Escadre Greenwood, en Nouvelle-Écosse, a également effectué sa première mission de vol dans le cadre de l’exercice et a fourni du soutien en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (RSR) aux forces alliées.
Toutes ces ressources aériennes mènent leurs opérations sous l’égide de l’escadre expéditionnaire aérienne de l’Aviation royale canadienne.
L’élément de commandement, l’élément de soutien opérationnel et l’élément de soutien de mission de la force opérationnelle aérienne, avec proviennent de la 2ème Escadre Bagotville, au Québec, et ont été déployés en Corse pour assurer les fonctions «de commandement, de contrôle et de mise sur pied» du contingent canadien qui participe à l’exercice Serpentex.
C’est le lieutenant-colonel Luc Girouard qui est commandant de la force opérationnelle aérienne de l’exercice Serpentex.
source :
Voir aussi les deux longs métrages que la journaliste Jackie Poggioli a tourné en 2012 pour le compte de France 3 Corse dans la rubrique Ghjente :
“Base 126, Ventiseri-Solenzara” de Jackye Poggioli, 2 volets, le premier sur l’histoire de la base et le second sur ses missions actuelles
“Objet d’une Communication officielle parfaitement rôdée et verrouillée par le Secret Défense, la base de Ventiseri-Solenzara, quoique régulièrement médiatisée, ne s’est jamais prêtée à une véritable investigation. Sa célébrité, établie en Corse de longue date et acquise à l’extérieur de l’île en 2O11 lors de l’intervention militaire en Libye, cache une Histoire et une Actualité emplies de zones d’ombre.
Les mystères entourant ce périmètre ultrasensible nourrissent les fantasmes et occultent les véritables questions posées par ce site, ouvert en 1960 par l’Otan sur un ancien terrain d’aviation américain de la Seconde Guerre.
Depuis ses débuts, « Zara » n’en finit pas d’interroger la Corse sur le rôle militaire atypique qui lui est assigné par l’État et sur les multiples répercussions de ce choix sur son territoire. Sentinelle avancée de la Défense française en Méditerranée, la base 126 s’avère également un lieu privilégié de questionnement sur un demi-siècle d’Histoire militaire et géostratégique occidentale.
Ce vaste champ s’étend d’épisodes méconnus de la Guerre Froide et des relations complexes de Paris avec l’Alliance Atlantique jusqu’aux Opérations en « Françafrique» et aux dernières interventions, sous la bannière de l’Otan, au Kosovo et au Proche-Orient.
Pour la première fois, une enquête, réalisée par Jackie Poggioli, retrace le passé mouvementé de Zara ( nom de code de la base) et fait la lumière sur son profil actuel, depuis le retour de la France dans le Commandement Militaire Intégré de l’Otan en 2009.
Les deux volets de cette investigation sont basés sur des documents d’Archives inédits ou méconnus et des images très rarement filmées par une équipe de télévision « civile », ainsi que sur des interviews exclusives d’experts de premier plan, de militaires et d’historiens spécialisés.
Ce documentaire à voir absolument lève enfin le voile sur les coulisses d’une Histoire très singulière et sur les mutations d’une petite base aérienne devenue un Centre névralgique français de la Nato Response Force -la Force de Réaction Rapide de l’Otan- et un Polygone d’Entraînement international.